Risques et sociétés
Séisme et tsunami à Sumatra, 2004 - 2010 : de la catastrophe environnementale et humaine de décembre 2004 à la reconstruction
Publié le 20/09/2010
Auteur(s) :
Christopher Gomez, CNRS UMR5600 Laboratoire EVS, Ecole Normale Supérieure de Lyon,
Franck Lavigne, université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CNRS UMR8591 Laboratoire de Géographie Physique,
Raphaël Paris, Clermont Université, GEOLAB UMR 6042 CNRS-UBP, Clermont-Ferrand,
Sylviane Tabarly
Franck Lavigne, université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CNRS UMR8591 Laboratoire de Géographie Physique,
Raphaël Paris, Clermont Université, GEOLAB UMR 6042 CNRS-UBP, Clermont-Ferrand,
Sylviane Tabarly
1. 26 décembre 2004 : chronique d'un tsunami dévastateur et meurtrier en Indonésie
2. Les facteurs humains de la catastrophe
3. Des impacts économiques et sociétaux immédiats
Le 26 décembre 2004, le tsunami le plus puissant et le plus meurtrier que l'homme ait enregistré à ce jour a balayé l'ensemble des côtes de l'océan Indien avec des vagues atteignant localement 35 m de haut. Le bilan s'est établi aux alentours de 230 000 morts dont 168 000 pour la province d'Aceh (ou Atjeh), division administrative la plus septentrionale de l'archipel indonésien, dans le nord de Sumatra. Si la mémoire commune des pays occidentaux se souvient davantage des images des rivages thaïlandais où de nombreux touristes étaient massés, les dégâts et les pertes humaines ont cependant été beaucoup plus importants dans des zones plus éloignées de l'attention des médias, comme sur la pointe nord de l'île de Sumatra plongée dans un climat apocalyptique aux lendemains immédiats de la catastrophe.
Partant d'une situation de dévastation les sociétés touchées de plein fouet doivent panser leurs plaies puis s'adapter. Lorsque les premiers temps de l'attention internationale sont passés, comment sociétés et territoires ont-ils évolué ? Comment les pouvoirs publics locaux et nationaux ont-ils réagi et comment ont-ils su et pu gérer la mobilisation internationale de grande ampleur qui s'est manifestée aux lendemains des événements ?
Commentaire des deux images ci-dessus à droite : Elles montrent les destructions dans la zone portuaire d'Ulee Lheue (nord-ouest de Banda Aceh) qui résultent de l'action combinée de la subsidence tectonique et de l'érosion provoquée par le tsunami du 26 décembre 2004. Dans ce secteur la subsidence a atteint une amplitude de l'ordre de 50 cm à plus de 1,5 m, ce qui explique en grande partie l'ennoyage des polders (bassins à crevettes) qui avaient progressivement remplacé la mangrove. La grande mosquée d'Ulee Lheue (voir diaporama infra) a été submergée jusqu'à sa coupole sommitale, soit un run-up (altitude maximum atteinte par le tsunami à l'intérieur des terres) de 13,50 m atteint lors de la troisième vague. Dans cette zone de la ville, pratiquement rasée, où seuls quelques dizaines d'individus ont survécu, certaines structures portuaires en béton et les infrastructures routières ont mieux résisté.
Note : pour une comparaison avec la situation en 2009 : voir document infra.
À la suite à ce tremblement de terre, le signe annonciateur de tsunami le plus caractéristique a été le retrait de la mer. À Sumatra, celui-ci s'est produit sur la côte ouest et dans les îles longeant la côte environ 10 minutes après le tremblement de terre. Le retrait fut phénoménal, puisqu'il dépassa le kilomètre, comme l'atteste l'île de Tuan qui, située à 1,2 km des côtes de l'île de Sumatra, se retrouva les "pieds au sec". Ce retrait correspond à un abaissement vertical brutal de la mer d'environ 5 m (Lavigne et al., 2009), il dura quelques minutes avant que la mer ne revienne sous la forme du tsunami et il fut accompagné de la fuite des oiseaux de la mer vers la terre.
Ce tsunami, comme beaucoup d'autres ne fut pas caractérisé par une seule vague – comme l'imagerie populaire se la représente souvent – mais par un train de vagues d'amplitudes et de vitesses différentes. Les survivants ont décrit entre 10 et 12 vagues et des enregistrements vidéo du département de pêche régionale ont montré 12 vagues. Toutefois le nombre de vagues peut varier à cause des différentes diffractions liées à la topographie sous-marine, ou à cause de la décomposition en plusieurs pulsations de vagues uniques.
La première vague ne fut pas la plus haute, entre 0,5 et 2,5 m selon les endroits, avec une vitesse de 8 à 10 m/s, mais elle fut la plus sombre, chargée de matériaux marins qu'elle a arraché avant d'atteindre la plage. Cette charge sédimentaire combinée à une grande vitesse semble avoir été à l'origine de la destruction de l'ensemble des bâtiments en bois, permanents ou semi-permanents (sederhana) construits en bord de mer.
La seconde vague qui arriva 2 à 3 minutes après la première fut la plus haute (figures ci-dessous). L'orientation des vagues fut principalement perpendiculaire au trait de côte, spécialement lorsque celles-ci arrivèrent au bord de mer, mais la topographie locale a largement influencé leurs déplacements. Entre Lampuuk et Banda Aceh les vagues contournèrent les obstacles prenant parfois les fuyards en tenaille.
La particularité du tsunami de 2004 au nord de Sumatra est sa progression dans les terres. Si les vagues du tsunami se brisent habituellement en mer ou sur la ligne de côte, la vague principale du tsunami de 2004 s'est brisée en arrière de la plage, ce qui lui a conféré la capacité d'avancer profondément dans les terres. La plus haute vague atteignit environ 35 m et diminua de 20 à 60 cm de hauteur par 100 m parcouru. Dans la zone de Lhok Nga (figure ci-dessus à droite), cette baisse était de 50 cm par 100 m parcouru lors du premier kilomètre, et ensuite de 25 cm par 100 m parcouru pour les 2 km que la vague a parcouru au dessus du marais (Lavigne et al., 2009).
par Christopher Gomez (GPR Specialist) et Franck Lavigne, responsable du programme Tsunarisque, www.tsunarisque.cnrs.fr
La modification du positionnement vertical de ces espaces a bouleversé la flore et la faune (cliché ci-dessus à droite) et a eu d'importants impacts sur les implantations humaines. En effet, dans le domaine de l'agriculture par exemple, de nombreuses terres littorales cultivées se sont retrouvées en dessous du niveau de la mer, les remontées d'eau salée et le déplacement du coin salé (zone de contact entre l'eau de mer et l'eau douce) plus avant dans les terres ont rendu les sols impropres à leur mise en culture.
Depuis 1976, la région d'Aceh était le théâtre d'un conflit sanglant entre l'armée indonésienne et le mouvement séparatiste Gerakan Aceh Merdeka (GAM / Mouvement pour la liberté d'Aceh), qui dénonçait le partage jugé injuste des richesses naturelles entre l'État central et la province et revendiquait, au minimum, une large autonomie, voire l'indépendance. Les affrontements entre séparatistes et armée régulière ont chassé de nombreuses populations des montagnes vers la sécurité des villes côtières telles que Banda Aceh. Ces populations des montagnes n'avaient pas de connaissance des dangers de la mer et, lorsque les signes avant-coureurs du tsunami sont apparus, elles sont souvent allées chercher les poissons et les crustacés que le retrait initial de la mer avait abandonnés au lieu de s'enfuir.
Cette absence de culture maritime du risque a joué un rôle important dans la mortalité liée à ce tsunami. Les habitants des îles situées le long des côtes de Sumatra et comptant des populations traditionnelles de pêcheurs n'ont déploré que peu de victimes. En effet, aux premiers signes annonciateurs de tsunami, les populations lorsqu'elles le pouvaient se sont réfugiées sur les hauteurs, et les pêcheurs en mer sont partis au large afin d'échapper aux vagues meurtrières. Ces réflexes les ont sauvés.
Enfin, les femmes et les enfants, moins mobiles que les hommes dans ces sociétés traditionnelles, souvent à domicile ou sur les plages avec leurs enfants en ce tout début de matinée, ont été davantage touchés, alors que les hommes étaient nombreux en mer, à la pêche. Chez les femmes, la mortalité a été le triple de celle des hommes et près de 40 000 enfants sont décédés. On a relevé aussi que le nombre de décès parmi les fonctionnaires et les professeurs d'université, qui habitaient en général les quartiers aisés du bord de l'océan, est bien plus élevé proportionnellement à leur part dans la population.
Un bilan approché des destructions : 2 240 écoles (provinces d'Aceh et de Nias), 592 centres de santé (Aceh), 2 676 ponts, 3 229 bateaux ; plus de 100 000 puits contaminés
Commentaire des clichés du diaporama :
1 - Banda Aceh après le tsunami, une ville dévastée.
2 - Le run-up (altitude maximum atteinte par le déferlement de la vague la plus haute du tsunami), sur la côte ouest de la province d'Aceh, a pu dépasser les 30 mètres localement.
3 - Destruction partielle d'une mosquée de la côte ouest de Sumatra.
4 - La mosquée d'Ulee Lheue vue de l'hôpital : au premier plan, les fers à béton tordus témoignent de la puissance du tsunami.
5 - Représentation par un artiste local : la mosquée a résisté grâce à sa structure sur piliers.
6 - Restes d'une pile d'un pont qui menait vers une île disparue, témoignant de l'ampleur des destructions dans ce secteur.
7 - Spectacle d'après tsunami : dans l'urgence la distribution par citernes d'eau potable
8 - Une pénétration record de la mer à l'intérieur des terres, sur une distance de plus de 5 km
9 - Erosion de la plaine littorale : la mer a gagné sur la terre. La stagnation des eaux salées accentue la salinisation des sols
10 - Sur les sols salinisés par le tsunami, recolonisation végétale par des alang alang, plantes halophiles caractéristiques de la région.
11 - L'enfoncement du bâtiment est dû aux effets de la solifluxion des sols.
12 - Plaque de goudron flotté. Reconstruction sommaire de la route par l'US Aid pour acheminer l'aide aux villages côtiers. Des plantations sont réalisées pour protéger le littoral.
Clichés : programme Tsunarisque, 2005 et 2006
D'autres impacts encore ont été lourds de conséquences, ainsi dans le domaine juridique et de la propriété foncière. De nombreux titres de propriété des terres ont disparu ou ont été endommagés dans la catastrophe. Par ailleurs, la réalité physique même des terres possédées s'est trouvée bouleversée par les effets de la subsidence et du tsunami : terres définitivement ennoyées ou rendues impropres à leur mise en valeur. Dans ces circonstances et avec la mort d'un grand nombre de propriétaires légaux, alors que seuls subsistaient, par exemple, des héritiers éloignés vivant dans un village de montagne, il était très difficile de statuer sur la possession de la terre.
Enfin, comme on l'observe très souvent dans de telles situations, les effets de la catastrophe naturelle sont également culturels. En l'occurrence, la ferveur religieuse a été dynamisée par ce que certains ont considéré comme un châtiment divin, punissant les infidèles et les mœurs légères d'une partie de la population, notamment celle de la société indonésienne urbanisée qui venait en villégiature profiter des magnifiques plages de sable blanc de la région. Par ailleurs les mosquées ont souvent été les seuls bâtiments restés debout (à Lampuuk par exemple) du fait de leur structure, ce qui a été interprété comme un signe divin.
- en haut à gauche : livraison d'aide d'urgence (cliché mission Tsunarisque, début 2005)
- en haut à droite : programme japonais de replantation (cliché mission Tsunarisque, 2006)
- en bas : dans l'attente de la remise en service des voies de communication terrestres, des navires spéciaux permettent le débarquement direct sur les plages du matériel et des matériaux nécessaires à la reconstruction (clichés : MDF, Banque mondiale)
L'aide internationale a rapidement afflué vers les pays touchés par les séismes et le tsunami et les promesses de dons pour l'urgence, la réhabilitation et la reconstruction ont approché les 7 milliards de dollars US, pour les seules provinces d'Aceh (Nanggroe Aceh Darussalam / NAD) et de Nias (Nias Islands). Après une première phase où les opérations semblent avoir été retardées par la désorganisation, la bureaucratie et la corruption, la reconstruction à terme dans ces deux provinces peut servir d'exemple.
Aux lendemains du tsunami, le gouvernement indonésien de l'époque (sous la présidence de Susilo Bambang Yudhoyonor, premier président à être élu au suffrage universel direct en octobre 2004), mit en place un organisme central chargé de coordonner les programmes humanitaires : l'Agence de réhabilitation et de reconstruction (BRR) qui concentrait les pouvoirs de plusieurs ministères, disposait d'un rôle de commandement et pilotait les projets de restauration des zones sinistrées. La BRR a pris la forme d'un organisme gouvernemental temporaire créé le 16 avril 2005 et fondé sur un règlement tenant lieu de loi (n° 2/2005). Son mandat consistait à coordonner tous les efforts de réhabilitation et de reconstruction dans les deux provinces et ainsi, de 2005 à 2009, la BRR a coordonné plus de 500 organismes qui ont géré plus de 12 000 projets. La BRR a cessé officiellement ses activités le 16 avril 2009, le gouvernement indonésien considérant que ses objectifs étaient atteints.
Le gouvernement indonésien s'est efforcé de faire face à l'afflux
financier afin de l'utiliser au mieux et de manière transparente et pour
ne pas être accusé de dilapidation des fonds. Un des mécanismes utilisé
pour assurer la coordination et l'efficacité de ces moyens a été de
recourir à la Banque mondiale qui a mis en place un Fonds multidonateur
(MDF / Multi Donor Trust Fund For Aceh and North Sumatra / MDTFANS) de 673 millions de dollars US provenant de quinze entités ou pays donateurs [4].
Pour le nord de Sumatra, la majorité de l'aide n'a toutefois pas été financée par le Fonds multidonateur mais par des ONG humanitaires, d'autres institutions internationales comme celles de l'ONU et par des aides directes de gouvernements étrangers. La BRR a affirmé que 6,7 milliards de dollars US, sur les 7,2 engagés par le gouvernement et les donateurs internationaux, avaient été alloués aux différents projets de reconstruction pour les provinces d'Aceh et de Nias. Ces financements ont notamment permis de construire plus de 140 000 maisons, 1 759 établissements scolaires, 363 ponts, des milliers de kilomètres de route, des dizaines de cliniques et 13 aéroports, selon la BRR.
Craignant l'impact, notamment en termes d'emplois, de la fin des grands travaux de reconstruction, le gouverneur d'Aceh, Irwandi Yusuf (un ancien combattant séparatiste désormais membre du Partai Aceh qui a succédé au GAM), a lancé un appel au "gouvernement et aux donateurs pour qu'ils restent engagés au delà de 2009". Ainsi, le Fonds multidonateur de la Banque mondiale va poursuivre son engagement jusqu'à 2012 au moins afin de renforcer les capacités économiques de la région et d'y promouvoir un développement durable et sécurisé.
Dans les zones rizicoles, les diguettes et les systèmes d'irrigation ont été reconstruits, selon des profils différents de leurs tracés antérieurs bien souvent. Il a fallu dégager les canaux de drainage obstrués des lagons et des deltas. Les terres envahies par l'eau de mer devront être désalinisées ce qui pourra se faire progressivement grâce à l'action de lessivage naturel des eaux de pluie.
La catastrophe naturelle a eu aussi des effets de nature politique. Les accrochages entre l'armée clandestine du Gerakan Aceh Merdeka (GAM, voir supra) et l'armée régulière indonésienne s'étaient multipliés au cours des années 1990. Le président Abdurrahman Wahid, successeur du président dictateur Suharto démissionnaire en 1998, avait annoncé l'ouverture de négociations sur le statut de la province et obtenu des indépendantistes un "moratoire des attaques". Une loi de janvier 2002 avait créé la région spéciale d'Aceh dotée d'une autonomie conséquente l'autorisant, entre autre, à appliquer la charia islamique. Mais l'accord de paix de décembre 2002 ne sera pas suivi d'une détente durable, les tensions pour le contrôle des richesses (bois, drogue, …) ayant justifié la proclamation de l'état d'urgence en juillet 2004.
Aux lendemains du 26 décembre 2004 la situation va rapidement se débloquer. L'arrivée massive de l'aide internationale et des ONG a tout d'abord suscité la méfiance. L'armée indonésienne a renforcé alors sa présence pour mieux contrôler les populations, les étrangers engagés dans l'humanitaire, et pour éviter que le GAM ne profite de la situation de désorganisation. Mais ce contexte de crise va parallèlement favoriser la reprise des négociations. Des pourparlers aboutirent à un accord signé le 15 août 2005 à Helsinki mettant fin à un conflit de 29 années qui aura fait quelque 15 000 morts, ainsi qu'en témoigne la découverte de nombreux charniers. Le GAM renonce à exiger l'indépendance et les rebelles rendent les armes, dissolvent leur armée clandestine alors que Jakarta retire une partie de ses troupes "en surplus". Ces hommes ainsi disponibles vont contribuer à l'effort de reconstruction en cherchant à se réadapter à la vie civile. Des élections libres ont pu être alors organisées.
Les effets humains dévastateurs de la catastrophe ont aussi révélé les insuffisances du système d'alerte aux tsunamis pour l'ensemble de l'océan Indien. En effet, ce bassin océanique ne disposait pas d'un système comparable au Centre d'alerte aux tsunamis dans le Pacifique (Pacific Tsunami Warning Center, PTWC) basé à Hawaï. Si la proximité de l'épicentre du séisme donnait peu de temps (environ 10 minutes) pour alerter les populations dans le nord de Sumatra, il n'en reste pas moins qu'un système d'alerte réactif aurait pu réduire le lourd bilan humain de la catastrophe.
Le tsunami a donc été suivi d'une mobilisation, tant à l'échelle régionale de l'océan Indien que nationale en Indonésie. Ainsi, un système de détection précoce assure désormais la surveillance du littoral indonésien : il s'agit du système germano-indonésien d'alerte rapide aux tsunamis (GITEWS), un dispositif opérationnel piloté depuis Jakarta. Il est composé de stations sismologiques, d'instruments de mesure en mer et de bouées d'alerte [5].
L'organisation, à l'échelle régionale, d'un système commun d'alerte et
de prévention piétine encore mais, ici et là, des progrès sont
enregistrés. Le principe d'un système d'alerte aux tsunamis de l'océan
Indien (Indian Ocean Tsunami Warning System / IOTWS) a été
approuvé lors d'une conférence des Nations Unies en janvier 2005 à Kobe
(Japon) et sa réalisation est coordonnée par l'Unesco. Au demeurant,
pour que le système soit pleinement efficace, il faudra que la
concertation entre les États riverains de l'océan Indien soit renforcée
et que les relais de l'information entre les centres d'alerte et la
population civile soient réactifs et opérationnels.
Le bilan d'ensemble peut-être jugé de manière tout à fait positive et la Banque mondiale a pu donner un satisfecit à l'action des pouvoirs publics indonésiens. Ces derniers ont sans doute trouvé leur intérêt dans cette occasion pour s'assurer un meilleur contrôle d'un territoire aux tentations irrédentistes, mais c'est finalement le chemin de la paix qui l'a emporté. Début 2010, les traces de la catastrophe sont pour l'essentiel effacées et l'économie de la région a été dopée par la réhabilitation des terres agricoles et par les travaux engagés. Cette dynamique de développement va-t-elle rester durable ? Le tarissement progressif des aides et de l'emploi liés à la reconstruction devra trouver un relai dans la relance économique, en espérant que la paix retrouvée soit pérenne. Depuis le départ de nombreuses ONG [6] et la fin des chantiers de construction, la croissance de la province s'affaiblit et 26% des Acehnais vivent toujours en-dessous du seuil de pauvreté. Certains observateurs craignent pour la stabilité politique de la région si les écarts de revenus et les frustrations devaient s'accentuer.
Franck Lavigne, université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CNRS UMR8591 Laboratoire de Géographie Physique, Paris, France, www.lgp.cnrs-bellevue.fr/personne.php?recordID=LAVIGNE
Raphaël Paris, Clermont Université, GEOLAB UMR 6042 CNRS-UBP, Clermont-Ferrand
L'ensemble de ces données est le résultat du programme Tsunarisque, dirigé par Franck Lavigne et Raphaël Paris et est publié en détail (300 pages) aux presses de la Sorbonne (Lavigne et Paris, 2010).www.tsunarisque.cnrs.fr/index.htm
La dernière partie de l'article (Les hommes entre résilience et adaptation) a été réalisée par Sylviane Tabarly, professeure agrégée de géographie et coordinatrice éditoriale de Géoconfluences (Dgesco / ENS de Lyon)
[2] Certains tsunamis peuvent avoir d'autres causes que les séismes : éboulements sous-marins par exemple, comme le "mini-tsunami" d'Antibes en 1979, provoqué par l'effondrement de la partie sommitale du delta sous-marin du Var, sans doute favorisé par les travaux de remblaiement liés à l'agrandissement de l'aéroport et à la construction d'une digue portuaire (Sahal et Lemahieu, 2010)
[3] Voir l'article de Vincent Clément, "Méditerranée : rivages à risques" (Vincent Clément) http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/breves/2003/02-03.htm
[4] Les quinze contributeurs au MDTFANS ont été les suivants, par ordre d'importance du financement en juin 2006 : Union européenne, Pays-Bas (ancienne puissance coloniale), Royaume-Uni, World Bank International Development Association (WB IDA), Norvège, Danemark, Canada, Suéde, Asian Development Bank (ADB), Allemagne, États-Unis, Finlande, Belgique, Nouvelle-Zélande, Irlande
[5] German Indonesian Tsunami Early Warning System in the Indian Ocean (GITEWS) : www.gitews.org/index.php?id=23&L=1
> une présentation en français, "Mise en service du système d'alerte rapide aux tsunamis" : www.bundesregierung.de/.../2008-11-11-tsunami-fruehwarnsystem-uebergeben__fr.html
[6] Les ONG impliquées se partagent entre "urgentistes" d'une part et "reconstructeurs" ou "développeurs" d'autre part selon les temporalités, plus ou moins longues, dans lesquelles elles inscrivent leurs actions. Cette typologie relève même parfois d'un débat, autour des questions de "droit d'ingérence" notamment, qui agite chroniquement le milieu des organisations humanitaires en France. Certaines ONG, comme Médecins sans frontières, privilégient les actions d'urgence alors que d'autres, comme la Croix Rouge, travaillent aussi sur le long terme. Les conditions d'utilisation des fonds récoltés dépendent de ces choix et ces stratégies.
> le Fonds multidonateur (MDF / Multi Donor Trust Fund For Aceh and North Sumatra / MDTFANS) : www.multidonorfund.org
> ligne de temps (time line) : http://digitalmedia.worldbank.org/eap/aceh-timeline Permanent URL for this page: http://go.worldbank.org/IIUXU8MHU0
> Focus / 2005, Après le tsunami : www.fao.org/ag/fr/magazine/0502sp2.htm
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2. Les facteurs humains de la catastrophe
3. Des impacts économiques et sociétaux immédiats
Le 26 décembre 2004, le tsunami le plus puissant et le plus meurtrier que l'homme ait enregistré à ce jour a balayé l'ensemble des côtes de l'océan Indien avec des vagues atteignant localement 35 m de haut. Le bilan s'est établi aux alentours de 230 000 morts dont 168 000 pour la province d'Aceh (ou Atjeh), division administrative la plus septentrionale de l'archipel indonésien, dans le nord de Sumatra. Si la mémoire commune des pays occidentaux se souvient davantage des images des rivages thaïlandais où de nombreux touristes étaient massés, les dégâts et les pertes humaines ont cependant été beaucoup plus importants dans des zones plus éloignées de l'attention des médias, comme sur la pointe nord de l'île de Sumatra plongée dans un climat apocalyptique aux lendemains immédiats de la catastrophe.
Partant d'une situation de dévastation les sociétés touchées de plein fouet doivent panser leurs plaies puis s'adapter. Lorsque les premiers temps de l'attention internationale sont passés, comment sociétés et territoires ont-ils évolué ? Comment les pouvoirs publics locaux et nationaux ont-ils réagi et comment ont-ils su et pu gérer la mobilisation internationale de grande ampleur qui s'est manifestée aux lendemains des événements ?
Le tsunami : un aléa fréquent mais un risque d'ampleur inégale
Les tsunamis, dont la terminologie vient du japonais (tsu- :
portuaire et -nami : vague), sont des ondes de période très longue
générées par des mouvements du sol dus essentiellement à des séismes
sous-marins. Les tremblements de terre représentent le premier facteur
déclenchant puisqu'ils sont à l'origine de 83% des tsunamis [2]. Ces
ondes de tsunami perdent de la vitesse à l'approche des côtes (elles
peuvent voyager à près de 900 km/h en haute mer mais leur vitesse se
réduit souvent à 300 km/h lorsqu'elles atteignent le plateau
continental) mais prennent de l'amplitude. Les tsunamis sont des phénomènes courants, toutefois l'ensemble des tsunamis n'engendre pas un risque pour l'homme car un grand nombre de littoraux sont inhabités et de nombreux tsunamis sont de faible ampleur. De fait, moins de 10% des tsunamis provoquent des dommages, les autres sont considérés comme "bénins" (fig. ci-dessus). Les tsunamis restent néanmoins des aléas souvent mal connus. Ainsi les côtes françaises ne sont pas exemptes de menace. Le tsunami du 1er Novembre 1755, qui a partiellement rasé Lisbonne, a également touché les côtes atlantiques françaises, bien que ceci soit peu connu. En Méditerranée, les scientifiques ont recensé plus d'une vingtaine de tsunamis ces 2000 dernières années [3]. |
Niveaux de risque des tsunamisNombre et niveau de risque des tsunamis, échelle mondialeLes tsunamis d'origine sismique en Indonésie de 1835 à 2004 |
26 décembre 2004 : chronique d'un tsunami dévastateur et meurtrier en Indonésie
Le tsunami du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien a été engendré par un tremblement de terre d'une magnitude (Mw) de 9,2 qui a eu lieu à 7h58 heure locale. Il est exceptionnel par son ampleur et a entraîné un mouvement de faille dont le rejet a été estimé de 12 à 20 m . La province d'Aceh a été la plus proche de l'épicentre du séisme (voir carte infra) localisé en mer à 30 km de profondeur. Le mouvement de faille a été accompagné de bruits sourds que les survivants de la catastrophe ont décrits comme des bruits d'explosion. La première secousse a été accompagnée par une série de secousses secondaires ou répliques (fig. ci-dessous à gauche) qui ont duré pendant plus d'un mois jusqu'au 31 janvier 2005. Ces secousses secondaires ont été également de fortes magnitudes (M6, M7…). Les dégâts liés au tremblement de terre ont été très importants sur l'île de Sumatra mais inférieurs aux prévisions des scientifiques car les ondulations engendrées par le séisme étaient de grande longueur d'onde et les bâtiments semblaient "danser" sur ces vagues. Une longueur d'onde plus courte aurait été beaucoup plus destructrice, même avec une amplitude moindre.Distribution spatiale de la secousse principale et de ses répliques (26 décembre et jours suivants) |
Les impacts combiné du tsunami et du séisme sur Banda AcehBanda Aceh, images Quickbird produites par Digital Globe : au-dessus, le 23 juin 2004 ; en dessous, le 28 decembre 2004 |
Commentaire des deux images ci-dessus à droite : Elles montrent les destructions dans la zone portuaire d'Ulee Lheue (nord-ouest de Banda Aceh) qui résultent de l'action combinée de la subsidence tectonique et de l'érosion provoquée par le tsunami du 26 décembre 2004. Dans ce secteur la subsidence a atteint une amplitude de l'ordre de 50 cm à plus de 1,5 m, ce qui explique en grande partie l'ennoyage des polders (bassins à crevettes) qui avaient progressivement remplacé la mangrove. La grande mosquée d'Ulee Lheue (voir diaporama infra) a été submergée jusqu'à sa coupole sommitale, soit un run-up (altitude maximum atteinte par le tsunami à l'intérieur des terres) de 13,50 m atteint lors de la troisième vague. Dans cette zone de la ville, pratiquement rasée, où seuls quelques dizaines d'individus ont survécu, certaines structures portuaires en béton et les infrastructures routières ont mieux résisté.
Note : pour une comparaison avec la situation en 2009 : voir document infra.
À la suite à ce tremblement de terre, le signe annonciateur de tsunami le plus caractéristique a été le retrait de la mer. À Sumatra, celui-ci s'est produit sur la côte ouest et dans les îles longeant la côte environ 10 minutes après le tremblement de terre. Le retrait fut phénoménal, puisqu'il dépassa le kilomètre, comme l'atteste l'île de Tuan qui, située à 1,2 km des côtes de l'île de Sumatra, se retrouva les "pieds au sec". Ce retrait correspond à un abaissement vertical brutal de la mer d'environ 5 m (Lavigne et al., 2009), il dura quelques minutes avant que la mer ne revienne sous la forme du tsunami et il fut accompagné de la fuite des oiseaux de la mer vers la terre.
Ce tsunami, comme beaucoup d'autres ne fut pas caractérisé par une seule vague – comme l'imagerie populaire se la représente souvent – mais par un train de vagues d'amplitudes et de vitesses différentes. Les survivants ont décrit entre 10 et 12 vagues et des enregistrements vidéo du département de pêche régionale ont montré 12 vagues. Toutefois le nombre de vagues peut varier à cause des différentes diffractions liées à la topographie sous-marine, ou à cause de la décomposition en plusieurs pulsations de vagues uniques.
La première vague ne fut pas la plus haute, entre 0,5 et 2,5 m selon les endroits, avec une vitesse de 8 à 10 m/s, mais elle fut la plus sombre, chargée de matériaux marins qu'elle a arraché avant d'atteindre la plage. Cette charge sédimentaire combinée à une grande vitesse semble avoir été à l'origine de la destruction de l'ensemble des bâtiments en bois, permanents ou semi-permanents (sederhana) construits en bord de mer.
La seconde vague qui arriva 2 à 3 minutes après la première fut la plus haute (figures ci-dessous). L'orientation des vagues fut principalement perpendiculaire au trait de côte, spécialement lorsque celles-ci arrivèrent au bord de mer, mais la topographie locale a largement influencé leurs déplacements. Entre Lampuuk et Banda Aceh les vagues contournèrent les obstacles prenant parfois les fuyards en tenaille.
Orientations et hauteur des vagues du tsunami, 26 décembre 2004, Sumatra nord, secteur de Banda Aceh
La particularité du tsunami de 2004 au nord de Sumatra est sa progression dans les terres. Si les vagues du tsunami se brisent habituellement en mer ou sur la ligne de côte, la vague principale du tsunami de 2004 s'est brisée en arrière de la plage, ce qui lui a conféré la capacité d'avancer profondément dans les terres. La plus haute vague atteignit environ 35 m et diminua de 20 à 60 cm de hauteur par 100 m parcouru. Dans la zone de Lhok Nga (figure ci-dessus à droite), cette baisse était de 50 cm par 100 m parcouru lors du premier kilomètre, et ensuite de 25 cm par 100 m parcouru pour les 2 km que la vague a parcouru au dessus du marais (Lavigne et al., 2009).
Mis à part les effets de l'énergie libérée par le tsunami en lui-même,
le séisme s'est accompagné d'une réponse géologique qui a engendré de
profondes modifications géo-environnementales et qui a impacté les
populations locales au delà de la destruction partielle des bâtiments et
des infrastructures. Le déplacement tectonique lié au séisme a provoqué
des phénomènes de subsidence, donc un affaissement de la surface
terrestre : l''île de Simeulue (carte de localisation, infra) s'est
ainsi retrouvée dans sa partie Nord 1,5 m plus bas. Sur l'ensemble de la
côte du nord de l'île de Sumatra ce phénomène a provoqué des
déplacements verticaux allant de quelques centimètres jusqu'à 2 mètres.
Le phénomène inverse s'est également produit, avec un exhaussement qui a
pu atteindre 1 m (cliché ci-dessous à gauche), soulevant des morceaux
du récif corallien hors de l'eau.
Soulèvement et affaissement tectonique de la région côtière de Sumatra.
Manifestation du soulèvementLes coraux auparavant immergés sous plus d'1 m d'eau se sont retrouvés à l'air libre (cliché : K. Sieh, 2005) |
Manifestation de l'affaisssementLes arbres qui étaient sur la terre ferme se retrouvent les pieds dans l'eau (cliché : mission Tsunarisque, 2005) |
La modification du positionnement vertical de ces espaces a bouleversé la flore et la faune (cliché ci-dessus à droite) et a eu d'importants impacts sur les implantations humaines. En effet, dans le domaine de l'agriculture par exemple, de nombreuses terres littorales cultivées se sont retrouvées en dessous du niveau de la mer, les remontées d'eau salée et le déplacement du coin salé (zone de contact entre l'eau de mer et l'eau douce) plus avant dans les terres ont rendu les sols impropres à leur mise en culture.
Les facteurs humains de la catastrophe
Rappelons que, sans hommes, ni risque ni catastrophe : les tsunamis ne sont alors que des phénomènes naturels, des aléas. Dans le nord de la province d'Aceh, les stratégies de localisation des hommes et de leurs activités (document ci-dessous à droite) sont à l'origine de la catastrophe. Les fortes densités de population de la province résultent largement des migrations vers les villes, du fait de leur attractivité économique et sociale mais aussi des problèmes politiques qui ont longtemps déstabilisé l'arrière-pays d'Aceh. En effet, les conflits internationaux, les guerres civiles, sont des facteurs aggravant la vulnérabilité des communautés humaines confrontées aux risques naturels.Localisations et répartition des populations avant le séisme
Les densités de population, province d'Aceh |
Depuis 1976, la région d'Aceh était le théâtre d'un conflit sanglant entre l'armée indonésienne et le mouvement séparatiste Gerakan Aceh Merdeka (GAM / Mouvement pour la liberté d'Aceh), qui dénonçait le partage jugé injuste des richesses naturelles entre l'État central et la province et revendiquait, au minimum, une large autonomie, voire l'indépendance. Les affrontements entre séparatistes et armée régulière ont chassé de nombreuses populations des montagnes vers la sécurité des villes côtières telles que Banda Aceh. Ces populations des montagnes n'avaient pas de connaissance des dangers de la mer et, lorsque les signes avant-coureurs du tsunami sont apparus, elles sont souvent allées chercher les poissons et les crustacés que le retrait initial de la mer avait abandonnés au lieu de s'enfuir.
Cette absence de culture maritime du risque a joué un rôle important dans la mortalité liée à ce tsunami. Les habitants des îles situées le long des côtes de Sumatra et comptant des populations traditionnelles de pêcheurs n'ont déploré que peu de victimes. En effet, aux premiers signes annonciateurs de tsunami, les populations lorsqu'elles le pouvaient se sont réfugiées sur les hauteurs, et les pêcheurs en mer sont partis au large afin d'échapper aux vagues meurtrières. Ces réflexes les ont sauvés.
Enfin, les femmes et les enfants, moins mobiles que les hommes dans ces sociétés traditionnelles, souvent à domicile ou sur les plages avec leurs enfants en ce tout début de matinée, ont été davantage touchés, alors que les hommes étaient nombreux en mer, à la pêche. Chez les femmes, la mortalité a été le triple de celle des hommes et près de 40 000 enfants sont décédés. On a relevé aussi que le nombre de décès parmi les fonctionnaires et les professeurs d'université, qui habitaient en général les quartiers aisés du bord de l'océan, est bien plus élevé proportionnellement à leur part dans la population.
Des impacts économiques et sociétaux immédiats
Au-delà du très lourd bilan humain, les impacts du tsunami ainsi que des effets des phénomènes de subsidence / soulèvement (cf. supra), ont été de grande ampleur. Les pratiques agricoles ont été bouleversées par la salinisation des sols (cliché ci-dessous à gauche) qui a causé la disparition des végétaux (arbres, cultures), désorganisé les cultures (riz, etc.) sur l'ensemble de la plaine littorale et entraîné la pollution des puits artésiens. Les activités liées à la mer ont été aussi gravement affectées : destruction de nombreux bateaux de pêche, de ports, des zones aquacoles, etc. Aussi le retour à une vie normale s'est avéré long et difficile.Une économie dévastée à reconstruire
Dépérissement des arbres à la suite du tsunami
Une plantation détruite par la teneur en sel du sol et les eaux marécageuses stagnantes de la région
(cliché : P. Wassmer, février 2005)
|
Les infrastructures bouleversées
Disparition de routes, de tabliers de ponts et des petites îles
et villages auxquelles ces infrastructures menaient. L'état du réseau
routier a été un frein indéniable au déploiement de l'aide
internationale et à la reconstruction et a mis à mal la continuité
territoriale.
(cliché : mission Tsunarisque, 2005)
|
Un bilan approché des destructions : 2 240 écoles (provinces d'Aceh et de Nias), 592 centres de santé (Aceh), 2 676 ponts, 3 229 bateaux ; plus de 100 000 puits contaminés
La destruction de l'ensemble des infrastructures (routes, réseau
électrique, adduction d'eau, etc.) constitue un frein très important au
retour à na normale. La disparition des routes, avalées par la mer, a
été un problème majeur pour la gestion de l'après catastrophe. Alors
qu'au Japon par exemple, les routes de bord de mer sont doublées d'un
réseau dense de voies de communication, avec de nombreuses routes
perpendiculaires permettant des alternatives de circulation en cas de
tremblement de terre et/ou dans le cas d'un tsunami, il n'en était rien
dans le nord de Sumatra. La destruction du réseau de communication
littoral (cliché ci-dessus à droite), alors que la plaine littorale est
parfois très mince, voire inexistante (cf. carte de localisation supra),
a rendu les opérations de secours difficiles et a compliqué les phases
de reconstruction et de redémarrage de l'économie.
Diaporama : les images de la catastrophe et de l'urgence
(...)Commentaire des clichés du diaporama :
1 - Banda Aceh après le tsunami, une ville dévastée.
2 - Le run-up (altitude maximum atteinte par le déferlement de la vague la plus haute du tsunami), sur la côte ouest de la province d'Aceh, a pu dépasser les 30 mètres localement.
3 - Destruction partielle d'une mosquée de la côte ouest de Sumatra.
4 - La mosquée d'Ulee Lheue vue de l'hôpital : au premier plan, les fers à béton tordus témoignent de la puissance du tsunami.
5 - Représentation par un artiste local : la mosquée a résisté grâce à sa structure sur piliers.
6 - Restes d'une pile d'un pont qui menait vers une île disparue, témoignant de l'ampleur des destructions dans ce secteur.
7 - Spectacle d'après tsunami : dans l'urgence la distribution par citernes d'eau potable
8 - Une pénétration record de la mer à l'intérieur des terres, sur une distance de plus de 5 km
9 - Erosion de la plaine littorale : la mer a gagné sur la terre. La stagnation des eaux salées accentue la salinisation des sols
10 - Sur les sols salinisés par le tsunami, recolonisation végétale par des alang alang, plantes halophiles caractéristiques de la région.
11 - L'enfoncement du bâtiment est dû aux effets de la solifluxion des sols.
12 - Plaque de goudron flotté. Reconstruction sommaire de la route par l'US Aid pour acheminer l'aide aux villages côtiers. Des plantations sont réalisées pour protéger le littoral.
Clichés : programme Tsunarisque, 2005 et 2006
D'autres impacts encore ont été lourds de conséquences, ainsi dans le domaine juridique et de la propriété foncière. De nombreux titres de propriété des terres ont disparu ou ont été endommagés dans la catastrophe. Par ailleurs, la réalité physique même des terres possédées s'est trouvée bouleversée par les effets de la subsidence et du tsunami : terres définitivement ennoyées ou rendues impropres à leur mise en valeur. Dans ces circonstances et avec la mort d'un grand nombre de propriétaires légaux, alors que seuls subsistaient, par exemple, des héritiers éloignés vivant dans un village de montagne, il était très difficile de statuer sur la possession de la terre.
Enfin, comme on l'observe très souvent dans de telles situations, les effets de la catastrophe naturelle sont également culturels. En l'occurrence, la ferveur religieuse a été dynamisée par ce que certains ont considéré comme un châtiment divin, punissant les infidèles et les mœurs légères d'une partie de la population, notamment celle de la société indonésienne urbanisée qui venait en villégiature profiter des magnifiques plages de sable blanc de la région. Par ailleurs les mosquées ont souvent été les seuls bâtiments restés debout (à Lampuuk par exemple) du fait de leur structure, ce qui a été interprété comme un signe divin.
Les hommes entre résilience et adaptation
Les grandes crises de type environnemental peuvent être des occasions d'adaptation lorsque les conditions favorables, de coordination de l'aide à court et plus long terme et de bonne gouvernance notamment, sont réunies. Les impacts du tsunami et des chocs sismiques sur la présence et l'activité humaine ne se sont pas limités pas à des conséquences immédiates de l'ordre de la semaine ou du mois. De profondes modifications de leur environnement, les leçons à tirer de la catastrophe, ont conduit les hommes à s'adapter en s'efforçant d'anticiper le plus long terme.Les opérations internationales, de l'urgence à la réhabilitation
- en haut à droite : programme japonais de replantation (cliché mission Tsunarisque, 2006)
- en bas : dans l'attente de la remise en service des voies de communication terrestres, des navires spéciaux permettent le débarquement direct sur les plages du matériel et des matériaux nécessaires à la reconstruction (clichés : MDF, Banque mondiale)
L'aide internationale a rapidement afflué vers les pays touchés par les séismes et le tsunami et les promesses de dons pour l'urgence, la réhabilitation et la reconstruction ont approché les 7 milliards de dollars US, pour les seules provinces d'Aceh (Nanggroe Aceh Darussalam / NAD) et de Nias (Nias Islands). Après une première phase où les opérations semblent avoir été retardées par la désorganisation, la bureaucratie et la corruption, la reconstruction à terme dans ces deux provinces peut servir d'exemple.
Aux lendemains du tsunami, le gouvernement indonésien de l'époque (sous la présidence de Susilo Bambang Yudhoyonor, premier président à être élu au suffrage universel direct en octobre 2004), mit en place un organisme central chargé de coordonner les programmes humanitaires : l'Agence de réhabilitation et de reconstruction (BRR) qui concentrait les pouvoirs de plusieurs ministères, disposait d'un rôle de commandement et pilotait les projets de restauration des zones sinistrées. La BRR a pris la forme d'un organisme gouvernemental temporaire créé le 16 avril 2005 et fondé sur un règlement tenant lieu de loi (n° 2/2005). Son mandat consistait à coordonner tous les efforts de réhabilitation et de reconstruction dans les deux provinces et ainsi, de 2005 à 2009, la BRR a coordonné plus de 500 organismes qui ont géré plus de 12 000 projets. La BRR a cessé officiellement ses activités le 16 avril 2009, le gouvernement indonésien considérant que ses objectifs étaient atteints.
L'action d'urgence et les ONG, un témoignage à chaud de Stephen Hill*, directeur du bureau régional de l'UNESCO pour la science, à Djakarta
"Si la générosité de l'ensemble des donateurs privés a été très
importante, les ONG et les volontaires n'ont pas toujours été d'un très
grand secours dans leurs entreprises. Quelque 164 ONG se sont présentées
à Aceh, dont certaines ont une très grande expérience des secours
d'urgence, comme Oxfam, World Vision, Care International et la Croix
rouge internationale. Elles ont vite assumé le rôle d'agents de la mise
en œuvre des programmes des Nations unies en livrant de la nourriture,
des tentes etc. D'autres se marchaient littéralement sur les pieds par
manque de coordination. En tant qu'agence internationale, les Nations
unies ne sont pas statutairement mandatées pour coordonner les ONG.
C'est une mission qui ressortit du gouvernement [indonésien], qui était
encore ébranlé par le choc et l'ampleur de la réaction à fournir.
Les volontaires, il faut bien le dire, n'avaient souvent pas les
compétences linguistiques ou le savoir-faire appropriés. Ils se
présentaient devant les tentes servant de locaux de fortune au personnel
des Nations unies en exigeant d'être utilisés, alors qu'ils gênaient
plutôt en puisant dans les maigres ressources en aliments et en
logement. Ou bien les compétences qu'ils offraient demandaient une
infrastructure qui faisait défaut. Par exemple, une équipe de quatre
neurochirurgiens hautement spécialisés s'est présentée, mais pour
pouvoir opérer il leur aurait fallu s'appuyer sur une équipe de
chirurgiens ayant d'autres spécialités (...). Ou bien encore une ONG
débarquait pour exécuter un projet qu'elle avait conçu à l'avance, avec
un groupe d'habitants choisis par contacts personnels et non sur l'avis
des autorités. Elle se mettait alors à distribuer des bateaux de pêche
et des filets adaptés à des milieux côtiers et des pratiques de pêche
étrangers au pays, ou à construire des maisons dans des zones que les
autorités avaient déclarées dangereuses pour l'habitat futur. Le
gouvernement a maintenant pris des dispositions pour orienter et
articuler les ONG, qui sont autorisées à poursuivre leurs activités,
mais cela a pris plusieurs mois.
Les Nations unies – et le gouvernement [indonésien] – ont donc
commencé la réhabilitation au milieu d'une population gravement
traumatisée et sur fond d'une effroyable confusion créée par l'afflux
des volontaires et des dons. Ce qui a fait défaut, c'était une agence
gouvernementale nouvelle basée à Aceh et disposant d'un pouvoir
discrétionnaire pour coordonner et canaliser la riposte. L'Agence de
réhabilitation et de reconstruction (BRR) a été officiellement créée en
avril [2005] mais il a fallu encore deux mois avant qu'elle soit en
mesure d'assumer pleinement ses fonctions dans les opérations de
reconstruction. (...)
Planter des mangroves le long de la côte pour atténuer la puissance
de nouveaux tsunamis est devenu une mode alors que l'on a encore peu
d'expérience sur la façon de s'y prendre. Des agences relativement
aisées se sont ainsi lancées dans des campagnes de replantation de
mangroves. Or, ne disposant pas d'experts, elles opéraient en payant des
communautés locales pour le faire, des personnes sans aucune expérience
ou connaissances techniques, qui n'étaient pas supervisées par des
experts. Cela a souvent abouti à des échecs, parfois parce qu'il n'y
avait jamais eu de mangroves dans ces localités ou que celles-ci
n'arrivaient pas à s'y acclimater."
Note
* Stephen Hill était directeur du bureau régional de l'UNESCO pour
la science, à Djakarta en 2005. Il avait dû, en plusieurs occasions,
assumer parallèlement le rôle de coordonnateur résidant des Nations
unies et de coordonnateur des secours humanitaires à Aceh.
Source : Bulletin des sciences exactes et naturelles de l'UNESCO - octobre-décembre 2005 www.unesco.org/science/interview_oct_05_fr.shtml
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Pour le nord de Sumatra, la majorité de l'aide n'a toutefois pas été financée par le Fonds multidonateur mais par des ONG humanitaires, d'autres institutions internationales comme celles de l'ONU et par des aides directes de gouvernements étrangers. La BRR a affirmé que 6,7 milliards de dollars US, sur les 7,2 engagés par le gouvernement et les donateurs internationaux, avaient été alloués aux différents projets de reconstruction pour les provinces d'Aceh et de Nias. Ces financements ont notamment permis de construire plus de 140 000 maisons, 1 759 établissements scolaires, 363 ponts, des milliers de kilomètres de route, des dizaines de cliniques et 13 aéroports, selon la BRR.
Craignant l'impact, notamment en termes d'emplois, de la fin des grands travaux de reconstruction, le gouverneur d'Aceh, Irwandi Yusuf (un ancien combattant séparatiste désormais membre du Partai Aceh qui a succédé au GAM), a lancé un appel au "gouvernement et aux donateurs pour qu'ils restent engagés au delà de 2009". Ainsi, le Fonds multidonateur de la Banque mondiale va poursuivre son engagement jusqu'à 2012 au moins afin de renforcer les capacités économiques de la région et d'y promouvoir un développement durable et sécurisé.
Echelle des temps (time line) des opérations, de l'urgence à la reconstruction, proposée sur le site de la Banque mondiale
Les impacts du désastre ont été atténués par les opérations de secours
d'urgence et par le rétablissement de conditions d'existence acceptables
sur le territoire. On peut distinguer trois phases :
- la phase des secours d'urgence (janvier à mars 2005) dont le but a
été de secourir les survivants et de satisfaire leurs besoins
élémentaires en soins et nourriture, de les loger et de rétablir un
minimum d'infrastructures nécessaires à l'acheminement de l'aide partout
où elle était nécessaire,
- la phase de réhabilitation (avril 2005 à décembre 2006) qui a eu pour
objectifs de restaurer les structures et les infrastructures
nécessaires à un service public acceptable : hôpitaux, infrastructures
économiques et sociales de base, lieux de culte, etc. ; cette phase a
aussi permis d'aborder les questions juridiques de légalité des droits
de propriété sur les terres ainsi que de soigner les troubles
psychologiques des populations survivantes,
- la phase de reconstruction (juillet 2006 à décembre 2009) a permis de
reconstruire les zones habitées (villes, villages) en impliquant les
communautés concernées, des experts, des représentants des ONG et de la
sphère économique. Des cartes de zonage d'occupation des sols et
d'infrastructures ont été établies de l'échelle provinciale à l'échelle
communale (communes et villes / kabupaten et kota), en particulier pour les aires littorales.
Planifier la reconstruction
Dans les zones rizicoles, les diguettes et les systèmes d'irrigation ont été reconstruits, selon des profils différents de leurs tracés antérieurs bien souvent. Il a fallu dégager les canaux de drainage obstrués des lagons et des deltas. Les terres envahies par l'eau de mer devront être désalinisées ce qui pourra se faire progressivement grâce à l'action de lessivage naturel des eaux de pluie.
La reconstruction par l'image
La catastrophe naturelle a eu aussi des effets de nature politique. Les accrochages entre l'armée clandestine du Gerakan Aceh Merdeka (GAM, voir supra) et l'armée régulière indonésienne s'étaient multipliés au cours des années 1990. Le président Abdurrahman Wahid, successeur du président dictateur Suharto démissionnaire en 1998, avait annoncé l'ouverture de négociations sur le statut de la province et obtenu des indépendantistes un "moratoire des attaques". Une loi de janvier 2002 avait créé la région spéciale d'Aceh dotée d'une autonomie conséquente l'autorisant, entre autre, à appliquer la charia islamique. Mais l'accord de paix de décembre 2002 ne sera pas suivi d'une détente durable, les tensions pour le contrôle des richesses (bois, drogue, …) ayant justifié la proclamation de l'état d'urgence en juillet 2004.
Aux lendemains du 26 décembre 2004 la situation va rapidement se débloquer. L'arrivée massive de l'aide internationale et des ONG a tout d'abord suscité la méfiance. L'armée indonésienne a renforcé alors sa présence pour mieux contrôler les populations, les étrangers engagés dans l'humanitaire, et pour éviter que le GAM ne profite de la situation de désorganisation. Mais ce contexte de crise va parallèlement favoriser la reprise des négociations. Des pourparlers aboutirent à un accord signé le 15 août 2005 à Helsinki mettant fin à un conflit de 29 années qui aura fait quelque 15 000 morts, ainsi qu'en témoigne la découverte de nombreux charniers. Le GAM renonce à exiger l'indépendance et les rebelles rendent les armes, dissolvent leur armée clandestine alors que Jakarta retire une partie de ses troupes "en surplus". Ces hommes ainsi disponibles vont contribuer à l'effort de reconstruction en cherchant à se réadapter à la vie civile. Des élections libres ont pu être alors organisées.
Les effets humains dévastateurs de la catastrophe ont aussi révélé les insuffisances du système d'alerte aux tsunamis pour l'ensemble de l'océan Indien. En effet, ce bassin océanique ne disposait pas d'un système comparable au Centre d'alerte aux tsunamis dans le Pacifique (Pacific Tsunami Warning Center, PTWC) basé à Hawaï. Si la proximité de l'épicentre du séisme donnait peu de temps (environ 10 minutes) pour alerter les populations dans le nord de Sumatra, il n'en reste pas moins qu'un système d'alerte réactif aurait pu réduire le lourd bilan humain de la catastrophe.
Le tsunami a donc été suivi d'une mobilisation, tant à l'échelle régionale de l'océan Indien que nationale en Indonésie. Ainsi, un système de détection précoce assure désormais la surveillance du littoral indonésien : il s'agit du système germano-indonésien d'alerte rapide aux tsunamis (GITEWS), un dispositif opérationnel piloté depuis Jakarta. Il est composé de stations sismologiques, d'instruments de mesure en mer et de bouées d'alerte [5].
Mieux alerter pour mieux prévenir : relayer l'alerte et organiser la fuite
Source : German Aerospace Center, DLR
En pays musulman, les haut parleurs des mosquées pourraient relayer aussi les annonces.
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Des bouées en mer sont équipées de logiciel GPS et mesurent
l'activité des vagues en temps réel. Dans le centre d'alerte, un système
hautement perfectionné décide alors automatiquement de lancer l'alerte
ou non.
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Conclusion
Le tsunami du 26 décembre 2004 dans le nord de Sumatra est un événement exceptionnel par son amplitude mais le contexte culturel et géopolitique en a aggravé le bilan humain. La catastrophe a modifié l'environnement des régions touchées de manière durable. Après une phase d'urgence et de relative précipitation, voire de confusion, la gestion post-crise a pu être relativement mieux régulée jusqu'à constituer un modèle de coordination aux yeux de nombreux observateurs et analystes. Au demeurant, certaines insuffisances dans le mode de reconstruction peuvent être relevées : des détournements de fonds et des faits de corruption ont pu être constatés ainsi que certaines injustices et maladresses dans la définition des priorités et dans l'attribution des moyens.Le bilan d'ensemble peut-être jugé de manière tout à fait positive et la Banque mondiale a pu donner un satisfecit à l'action des pouvoirs publics indonésiens. Ces derniers ont sans doute trouvé leur intérêt dans cette occasion pour s'assurer un meilleur contrôle d'un territoire aux tentations irrédentistes, mais c'est finalement le chemin de la paix qui l'a emporté. Début 2010, les traces de la catastrophe sont pour l'essentiel effacées et l'économie de la région a été dopée par la réhabilitation des terres agricoles et par les travaux engagés. Cette dynamique de développement va-t-elle rester durable ? Le tarissement progressif des aides et de l'emploi liés à la reconstruction devra trouver un relai dans la relance économique, en espérant que la paix retrouvée soit pérenne. Depuis le départ de nombreuses ONG [6] et la fin des chantiers de construction, la croissance de la province s'affaiblit et 26% des Acehnais vivent toujours en-dessous du seuil de pauvreté. Certains observateurs craignent pour la stabilité politique de la région si les écarts de revenus et les frustrations devaient s'accentuer.
Notes
[1] Christopher Gomez, CNRS UMR5600 Laboratoire EVS, Ecole Normale Supérieure de Lyon, site Descartes (nouvelle adresse : université de Canterbury, Collège de Sciences, Département de Géographie, Christchurch, Nouvelle-Zélande), www.gomezchristopher.comFranck Lavigne, université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CNRS UMR8591 Laboratoire de Géographie Physique, Paris, France, www.lgp.cnrs-bellevue.fr/personne.php?recordID=LAVIGNE
Raphaël Paris, Clermont Université, GEOLAB UMR 6042 CNRS-UBP, Clermont-Ferrand
L'ensemble de ces données est le résultat du programme Tsunarisque, dirigé par Franck Lavigne et Raphaël Paris et est publié en détail (300 pages) aux presses de la Sorbonne (Lavigne et Paris, 2010).www.tsunarisque.cnrs.fr/index.htm
La dernière partie de l'article (Les hommes entre résilience et adaptation) a été réalisée par Sylviane Tabarly, professeure agrégée de géographie et coordinatrice éditoriale de Géoconfluences (Dgesco / ENS de Lyon)
[2] Certains tsunamis peuvent avoir d'autres causes que les séismes : éboulements sous-marins par exemple, comme le "mini-tsunami" d'Antibes en 1979, provoqué par l'effondrement de la partie sommitale du delta sous-marin du Var, sans doute favorisé par les travaux de remblaiement liés à l'agrandissement de l'aéroport et à la construction d'une digue portuaire (Sahal et Lemahieu, 2010)
[3] Voir l'article de Vincent Clément, "Méditerranée : rivages à risques" (Vincent Clément) http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/breves/2003/02-03.htm
[4] Les quinze contributeurs au MDTFANS ont été les suivants, par ordre d'importance du financement en juin 2006 : Union européenne, Pays-Bas (ancienne puissance coloniale), Royaume-Uni, World Bank International Development Association (WB IDA), Norvège, Danemark, Canada, Suéde, Asian Development Bank (ADB), Allemagne, États-Unis, Finlande, Belgique, Nouvelle-Zélande, Irlande
[5] German Indonesian Tsunami Early Warning System in the Indian Ocean (GITEWS) : www.gitews.org/index.php?id=23&L=1
> une présentation en français, "Mise en service du système d'alerte rapide aux tsunamis" : www.bundesregierung.de/.../2008-11-11-tsunami-fruehwarnsystem-uebergeben__fr.html
[6] Les ONG impliquées se partagent entre "urgentistes" d'une part et "reconstructeurs" ou "développeurs" d'autre part selon les temporalités, plus ou moins longues, dans lesquelles elles inscrivent leurs actions. Cette typologie relève même parfois d'un débat, autour des questions de "droit d'ingérence" notamment, qui agite chroniquement le milieu des organisations humanitaires en France. Certaines ONG, comme Médecins sans frontières, privilégient les actions d'urgence alors que d'autres, comme la Croix Rouge, travaillent aussi sur le long terme. Les conditions d'utilisation des fonds récoltés dépendent de ces choix et ces stratégies.
Indications bibliographiques
- Brun C. - "A geographers' imperative? Research and action in the aftermath of disaster." Geographical Journal, 175: 196–207, 2009
- Greenhough B., Jazeel T. et Massey D. - "Introduction: geographical encounters with the Indian Ocean tsunami." Geographical Journal, 171: 369–371, 2005
- Lavigne F. & Paris R. (Eds.). - Le tsunami du 26 décembre 2004 en Indonésie. Presse de la Sorbonne. Sous Presse, 2010
- Lavigne F., Paris R., Grancher D., Wassmer P., Brunstein D., Vautier F., Leone F., Flohic, F., De Coster, B., Gunawan, T., Gomez C., Setiawan A., Cahyadi R., Fachrizal. - "Reconstruction of Tsunami Inland Propagation on December 26, 2004 in Banda Aceh, Indonesia, through Field Investigations." Pure and Applied Geophysics, 165, 1-23, 2009
- Ozer P. et De Longueville F. - "Tsunami en Asie du Sud-Est : retour sur la gestion d'un cataclysme naturel apocalyptique", Cybergeo : European Journal of Geography, Environnement, Nature, Paysage, article 321, mis en ligne le 14 octobre 2005, modifié le 03 juillet 2007. URL : http://cybergeo.revues.org/index3081.html
- Paris R., Lavigne F., Wassmer P., Sartohadi J. - "Coastal sedimentation associated with the December 26, 2004 tsunami in Lhok Nga, west Banda Aceh (Sumtra, Indonesia)." Marine Geology, 238, 93-106, 2007
- Paris R., Wassmer P., Sartohadi J., Lavigne F., Barthomeuf B., Desgages E., Grancher D., Baumert P., Vautier F., Brunstein D., Gomez C. - "Tsunamis as geomorphic crises: lessons from the December 26, 2004 tsunami in Lhok Nga, West Banda Aceh (Sumatra, Indonesia)." Geomorphology, 104, 59-72, 2009
- Paris R., Cachao M., Fournier J., Voldoire O. - "Nannoliths abundance and distribution in tsunami deposits: example from the December 26, 2004 tsunami in Lhok Nga (northwest Sumatra, Indonesia)." Géomorphologie, Relief, Processus, Environnement 1/2010, 109-118, 2010
- Sahal A., Lemahieu A. - "The 1979 nice airport tsunami: mapping of the flood in Antibes." Natural Hazards, 2010
- Wassmer P., Schneider J-L., Fonfrège A-V., Lavigne F., Paris R., Gomez C. - "Use of anisotropy of magnetic susceptibility (AMS) in the study of tsunami deposits : Application to the 2004 deposits on the eastern coast of Banda Aceh, North Sumatra, Indonesia." Marine Geology 275, 255-272, 2010
Quelques sources et ressources
Ressources générales autour des risques et des tsunamis
- Philippe Lognonné, Tsunami : Orignie, Physique et Observations, Institut de Physique du Globe de Paris, Planète Terre, ENS de Lyon conférence du 8 juin 2007 http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-tsunami-Lognonne_conf.xml
- Glossaire des tsunamis : http://ioc3.unesco.org/itic/files/glossary_french.pdf
- European Mediterranean Seismological Centre (EMSC) : www.emsc-csem.org
- La Documentation française, dossier : Catastrophes naturelles et prévention des risques (janvier 2005), www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/catastrophes-naturelles/index.shtml
Le tsunami du 26 décembre 2004
- Franck Lavigne et Raphael Paris, Le tsunami du 26 décembre 2004 à Aceh, Indonésie : apports des géographes dans la compréhension d'une catastrophe historique, http://fig-st-die.education.fr/actes/actes_2009/lavigne/article.html
- Visible Earth de la Nasa, des images du satellite Ikonos montrant Lhoknga avant et après le tsunami http://earthobservatory.nasa.gov/NaturalHazards/view.php?id=14408&oldid=12647
- Un état des lieux précis : www.undp.org/cpr/disred/documents/tsunami/indonesia/reports/masterplan_0405_eng.pdf et Master Plan for the Rehabilitation and Reconstruction for the Region and People of the Provinces of Nanggroe Aceh Darussalam (NAD) and Nias Islands, North Sumatra, avril 2005 www.reliefweb.int/rw/rwb.nsf/db900SID/SODA-6BFAHE?OpenDocument
- Nations Unies, Conseil économique et social, Problèmes émergents en matière de réaction aux tsunamis et aux autres catastrophes naturelles, mars 2005, www.unescap.org/61/French/E1333F.pdf
Le dispositif post-tsunami et ses résultats
- Samuel Forget Lord, Tsunami : 5 ans après la tragédie, Perspective Monde, École de politique appliquée, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Sherbrooke http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse?codeAnalyse=1258
- L'implication de la Banque mondiale :
> le Fonds multidonateur (MDF / Multi Donor Trust Fund For Aceh and North Sumatra / MDTFANS) : www.multidonorfund.org
> ligne de temps (time line) : http://digitalmedia.worldbank.org/eap/aceh-timeline Permanent URL for this page: http://go.worldbank.org/IIUXU8MHU0
- Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO),
> Focus / 2005, Après le tsunami : www.fao.org/ag/fr/magazine/0502sp2.htm
- Nations Unies, Economic and Social Commission for Asia and the Pacific (ESCAP), Tsunami Early Warning Systems in the Indian Ocean and Southeast Asia, 2009 : www.unescap.org/pmd/tsunami/documents/TSU-MappingStudy-2009.pdf
- German Aeorspace Center (Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt, DLR), DLR technology and expertise for a tsunami early warning system in Indonesia, 11 November 2008, www.dlr.de/en/desktopdefault.aspx/tabid-6213/10205_read-14057
Autres ressources (citations de l'article)
- Care International, www.care-international.org
- Croix Rouge et Croissant Rouge, International Federation of Red Cross and Red Crescent Societies, www.ifrc.org/fr
- Médecins sans frontières, www.msf.frOxfam International, www.oxfam.org/fr
- World Vision International : www.wvi.org/wvi/wviweb.nsf
Christopher Gomez, CNRS UMR5600 Laboratoire EVS,
Ecole Normale Supérieure de Lyon, site Descartes,
Franck Lavigne, université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CNRS UMR8591
Laboratoire de Géographie Physique,
Raphaël Paris, Clermont Université, GEOLAB UMR 6042 CNRS-UBP, Clermont-Ferrand,
et Sylviane Tabarly
pour Géoconfluences le 16 septembre 2010
Ecole Normale Supérieure de Lyon, site Descartes,
Franck Lavigne, université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CNRS UMR8591
Laboratoire de Géographie Physique,
Raphaël Paris, Clermont Université, GEOLAB UMR 6042 CNRS-UBP, Clermont-Ferrand,
et Sylviane Tabarly
pour Géoconfluences le 16 septembre 2010
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